Le temps de l’île

Île à emporter, pour l’exposition Le Temps de l’île, Mucem 2019 sous la direction de Jean-Marc Besse et Guillaume Monsaingeon

« Le temps des îles a précédé celui des continents. Le monde agrandi par Colomb, Vespuci et Magellan est un monde éclaté. L’humanité n’habite plus un sol stable, mais un archipel à la dérive, à peine plus solide que le pont d’un navire » 8

L’île est unique mais l’île se pense à partir de… en ce sens elle est transposable. Comment penser un unique qui s’exporte ? C’est revoir le statut de l’île et l’aborder tel un modèle, tel une des matérialisations d’un désir de forme de vie particulière. En ce sens nous pouvons affirmer que des îles se sont déplacées. Ce qui faisait leur iléite s’est déplacé ou s’est transposé. Les îles se réinventent dans d’autres mers ou sur le continent. C’est le postulat qu’une île est un objet transposable, dont la forme dépasse le paysage.

« Les îles recèlent souvent des sanctuaires que les pèlerins parcourent seolon un itinéraire précis. Une tradition japonaise propose de transposer le sanctuaire modèle sur d’autres îles, d’autres temples miniaturisés. Ainsi sur la grande île de Shikoku, le pèlerinage qui remonte au XI ème siècle comporte 88 temples répartis le long de ses 1400 kilomètres de périmètre. Au XVI ème siècle, ces temples furent transposés sur l’île bien plus modeste de Shiraishi-Jima et les 14 kilomètres de son littoral. En réitérant ce mouvement, Milena Charbit imagine une transposition des 88 figurines des temples dans un tout autre type d’espace. Le véritable pèlerinage devient celui qu’on organise soi-même vers une « île portable » réduite à l’essentiel : un quartier, un jardin, un lit … » Guillaume Monsaingeon et Jean-Marc Besse, Commissaires de l’exposition Le temps de l’île, Mucem, 2019.