Parler des points noirs, les montrer, évoquer leurs conséquences, les problèmes qu’ils soulèvent, leur histoire, est aussi une manière d’amener chacun à s’intéresser au phénomène et à adapter ses pratiques de la ville. Il y a plusieurs manières de décrire les points noirs puisqu’ils sont représentés aussi bien par leur contenu que leur contenant, autant par l’objet encombrant que par la forme urbaine qui l’accueille. Ces espaces reçoivent plus de 32% des encombrants ramassés chaque année par les services, soit 34 596,40 tonnes de dépôts sauvages. La solution du problème réside principalement dans le fait même de révéler ces lieux, rendre visible ce qui est invisible. Décrire, quantifier, mesurer ces points noirs, c’est ainsi parler de la ville et de son métabolisme.
Par delà le recensement, l’étude s’attarde sur des cas spécifiques et sélectionnés pour leur représentativité, leur forme, leur statut administratif ou parce que des riverains leur ont manifesté de l’intérêt. Dans chaque cas, leur histoire révèle une particularité urbaine, une anecdote historique qui a empêché la création d’une porte, l’implantation d’un bâtiment selon l’alignement, l’aménagement d’un jardin… Pour chacun, l’étude propose une possibilité d’évolution parmi une infinité de scénarios envisageables. Cette évolution s’inscrit dans la réalité du lieu afin d’en respecter les contraintes, qu’elles soient techniques ou règlementaires, programmatiques ou esthétiques. Ces propositions visent à montrer la richesse de ces lieux, le potentiel de ces micro-parcelles dans une ville où le foncier disponible est de plus en plus rare. Quelques gestes simples, dessinés précisément, peuvent en transformer radicalement la perception et leur donner une nouvelle vie. « Points Noirs » propose une nouvelle cartographie parisienne par le prisme du déchet et à travers l’oeil de celui qui sillonne la ville au quotidien afin de révéler ces « miettes de foncier » et de définir leur potentiel d’évolution. »
Etude menée avec 127af, avec les photographies de Rebekka Deubner, et le design graphique de l’agence Document.