Un W, un code, un matricule composé de lettres et de chiffres. Le numéro sésame que donne la mairie de Paris à ceux qui veulent en finir avec leurs souvenirs. Du mobilier domestique qui se transforme en monstres, venus chatouiller ma curiosité. Je ne m’en suis pas aperçue sur-le-champ. Il a fallu que mon œil s’éduque à repérer de loin, puis de très loin, tous ces rebuts d’objets qui jalonnent la ville. Petit à petit, l’obsession s’est installée jusqu’à ce que l’envie d’aller observer ces amoncellements de plus près me force à me détourner des trajets linéaires et clairs prévus initialement.
Au début, je me contentais de scruter les objets jetés. Lorsque la composition était intrigante, je prenais des photos comme si je menais une sorte d’enquête secrète. Il faut
se dépêcher de photographier à la dérobée, car les gens vous jettent un regard en coin en se demandant ce qu’il peut bien y avoir d’intéressant. Pendant un temps, je ne fis que les collecter sur le logiciel stockant les photos de mon smartphone. Puis j’eus l’idée de les poster sur Instagram. Une liste, encombrants #1, #2… au moins une photo par jour pour amuser mes followers. Ils se prirent au jeu et m’envoyaient de plus en plus d’images de leurs encombrants trouvés en chemin. Je me suis permis d’en reposter certaines. Je suis devenue un hub à encombrants.