Une île en kit

édition réalisée en parallèle de l'exposition Le Temps de l'île, Mucem, 2019

« Le temps des îles a précédé celui des continents. Le monde agrandi par Colomb, Vespuci et Magellan est un monde éclaté. L’humanité n’habite plus un sol stable, mais un archipel à la dérive, à peine plus solide que le pont d’un navire. »
Frank Lestringant, Le livre des îles, Droz, Paris, 2002, p.13
L’île est unique mais l’île se pense à partir de… en ce sens elle est transposable. Comment penser un unique qui s’exporte ? C’est revoir le statut de l’île et l’aborder tel un modèle, tel une des matérialisations d’un désir de forme de vie particulière. En ce sens nous pouvons affirmer que des îles se sont déplacées. Ce qui faisait leur iléite s’est déplacé ou s’est transposé. Les îles se réinventent dans d’autres mers ou sur le continent. C’est le postulat qu’une île est un objet transposable, dont la forme dépasse le paysage.
Ainsi, le désir du nouveau monde. Ce désir puissant de découverte, pousse à la transposition et à l’exportation d’Archipels connus sur ce nouveau continent.
L’île est en effet une figure portable, dont on connaît le contour, la taille et le caractère, qu’on peut mettre dans ses bagages et déplacer ailleurs. Ainsi Frank Lestringant dans son texte îles et insulaires décrit ce déplacement et cette omniprésence de Venise « éparpillée à travers le monde » comme si l’archipel avait secrété d’autres îles, et s’était répandu.